Rien n'est encore officiel, mais selon le Figaro, le ministère de la Défense se serait rendu à l'évidence : Louvois, le système de paiement des soldes développé entre autres par la société Steria (MAJ*), est bon pour la poubelle. Si le ministère de la Défense parlait encore en février dernier d'un programme de fiabilisation du logiciel, celui-ci aurait pourtant décidé d'abandonné toute tentative de sauvetage. Cette décision ferait suite à l'audit mené au cours des mois passés et qui devait trancher sur la question de savoir si le logiciel était récupérable. « Avant la fin de l'année, je serai amené à prendre une décision pour remédier à cette catastrophe, ce désastre, cette aberration indigne de notre pays. Il est impensable que les militaires qui mettent leur vie en danger pour la France ne perçoivent pas leur solde en temps et en heure », avait déclaré le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian devant les chasseurs alpins plus tôt cette année.
Des soldes de 90 euros par mois
Il faut dire que le logiciel est devenu, depuis 2011, tristement célèbre. 35 millions d'euros de moins perçus sur les paies des soldats, 117 millions d'euros déboursés pour faire face aux dysfonctionnements concernant les soldes antérieurs à la mise en place du programme, sans oublier 106 millions de trop perçus... Un fiasco qui aura plongé plus de 160 000 militaires dans la difficulté, ceux-ci ne touchant dans certains cas que 90 euros par mois. Contacté par la rédaction, un des porte-paroles du ministère nous a simplement confié que le 3 décembre prochain, le ministre de la Défense devrait faire une annonce pour éclairer les militaires sur l'avenir de la gestion du traitement de leurs soldes lors d'un déplacement auprès des soldats français. Aucun changement de logiciel ne serait toutefois à espérer avant au moins 2 ans.
La rédaction reviendra sur le sujet dès que des informations supplémentaires seront disponibles.
Le ministère de la Défense abandonne Louvois [MAJ]
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Réactions
Selon Le Figaro, Louvois, le logiciel de traitement des soldes des militaires, va être abandonné. La solution, qui avait entraîné de graves défaillances dans le paiement des soldes des militaires, sera remplacée.
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14 Commentaires
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La mise à jour suite à l'intervention (pressions?) de Steria ne rend pas compte de la réalité de la situation.
Signaler un abus1. Il est vrai que ce n'est pas Steria qui a développé le "calculateur des soldes" ou, tout simplement, le moteur de paie. C'est,comme je l'ai dit dans mon premier commentaire, SAP. Or, il y a des lacunes fondamentales par rapport au logiciel de SAP. Qu'en dit SAP?
2. Ensuite, quel est cet intégrateur "tiers" mystérieux qui aurait installé le système avant l'arrivée de Steria? Steria essaie de se défausser mais de leur propre aveu ils ont été appelés pour mettre fin aux dysfonctionnements du logiciel. Steria a été payée combien pour cela? Et comment se fait-il que cela ne marche pas? Donc si la société Steria est incapable de régler le problème, qu'elle rende à l'Etat ce qu'elle a perçu.
3. Jusqu'à récemment, Steria recommandait au ministère de la Défense de GARDER Louvois,en échange de continuer à facturer grassement ses services qui, comme on l'a vu, ne servaient pas à grand chose (en tout cas pas pour le ministère) vu que les dysfonctionnements continuaient.
A noter que le premier projet Louvois avait été réalisé par la SSII Sopra qui s'était plantée complètement, suite à cela le ministère avait décidé de laisser tomber et passer sur SAP. Maintenant on va revenir à l'ancien système (pré-Louvois) en attendant le raccordement (vers 2016) au système ONP qui gère la paie de tous les fonctionnaires en France et qui est en cours d'installation par une SSII appartenant à ...Sopra! Et la boucle est bouclée. On reprend les mêmes qui ont échoué et c'est reparti pour plusieurs centaines de millions d'euros avec les mêmes chances (si j'ose dire) d'échec.
Quand apprendrons-nous à faireles choses correctement?
Ahmed Limam
Consultant indépendant en systèmes RH/paie
Paris
Encore un projet mort en grande partie du fait de la maladie paroxystique informatique du "cordonnier toujours le plus mal chaussé" de plus en plus criante, consistant à se foutre du besoin de références, où à ne pas comprendre qu'il est exactement le même qu'ailleurs, sans doute.
Signaler un abushttp://iiscn.wordpress.com/about/
En tout cas cela a bien favorisé l'état.Puisque les militaires n'ont pas le droit de faire grêve.
Signaler un abusAu delà des problèmes purement "informatiques" Louvois en ajoute trois autres.
Signaler un abusSa mise en place a été simultanée avec la réforme majeure de la RGPP au ministère de la Défense : 54000 postes à supprimer entre 2009 et 2014, principalement dans les structures de soutien !!!
La mise en place (elle aussi à marche forcée) des "Bases de Défense" a brutalement privé les militaires des unités opérationnelles (qu'ils soient simples administrés ou correspondants administratifs locaux ) de tous leurs interlocuteurs. Non seulement la période de "double fonctionnement" a été réduite à la portion congrue (deux bulletins de solde en tout et pour tout, souvent acheminés avec beaucoup de retard), mais la disparition de l'ancien système et la dispersion des compétences étaient déjà écrite "dans le marbre" avec la dissolution des Centre territoriaux d'administration et de comptabilité (CTAC) parfois avec un an d'avance sur le calendrier. Il s'agissait alors de faire de la Défense le "bon élève" des réductions d'effectifs, et ce malgré les avertissements répétés des "petites mains"...
Second problème, Louvois s'appuie pour son alimentation sur Concerto, un système RH "neuf", lui aussi en proie à ses propres problèmes (incohérence des données, absence de reprise automatisée, performances réseau insuffisantes, ergonomie très perfectible etc...) ce qui multiplie les sources d'incidents croisés...
Plus grave est le déni persistant qui a prévalu pendant plus d'un an en tête de chaîne. Le Cabinet du Ministre et ses accessoires du Contrôle Général des Armées on plusieurs fois balayé d'un revers de main tous les compte-rendus alarmants qui remontaient par la voie hiérarchique et répondu par des communiqués au mieux attentistes, le plus souvent dédaigneux (la faute aux utilisateurs de proximité, aux administrés etc...).
Des situations d'autant plus graves qu'elles ont principalement affecté les militaires envoyés en opérations extérieures dans des pays comme l'Afghanistan un lieux d'où il est - comme on s'en doute - parfaitement aisé de discuter avec son banquier entre deux patrouilles contre les talibans... Pour que les choses commencent à bouger, il a a fallu que des épouses fassent "le buzz" sur les réseaux sociaux et dans les médias, avec souvent à la clef des pressions plus ou moins voilées sur les conjoints concernés...
Depuis le changement de gouvernement, on a tenté de parer au plus pressé, des dizaines de comptables militaires (sans compétence spécifique) ont été sommés de rejoindre Nancy pour tenter de "replâtrer" le système, mais de leur aveu, l'apurement des dossiers "simples" demandera au moins deux ans,quand aux les autres (changements de situations familiales, opérations extérieures, erreurs cumulées...) le pronostic est à l'avenant, surtout lorsqu'on sait que chaque édition mensuelle continue de générer sont lot d'anomalies...
Les noms des responsables de ce fiasco sont connus, à leur tête un certain ministre amateur de loisirs hippiques mais aussi des membres d'un corps de contrôle placés directement sous sa tutelle mais dont les carrières n'ont pas subi (et ne subiront pas) de conséquences fâcheuses vu que le ministre actuel a déclaré "ne pas vouloir décapiter tout le monde"... Un problème de "gouvernance" qui laissera des traces durables...
En réponse à Visiteur3400 et pour expliquer plus en détail la problématique. Quand on choisit un progiciel de paie, qu'on soit un gros ministère, une multinationale, une PME ou une mairie, la BONNE approche est toujours la même: un cahier des charges qui recense les besoins (la fiche de paie, qui est le résultat, fait partie intégrale de celui-ci) et une sérié de démos/prototypes/maquettes afin de s'assurer que le produit retenu répond bien aux besoins.
Signaler un abusAucun progiciel n'est parfait par rapport aux besoins d'une organisation donnée, c'est pour cela que, pour prendre l'exemple du ministère de la Défense, si la prime pour charge de famille exige des fonctionnalités de calcul de rétroactivité que le progiciel ne propose pas en standard il faut soit (1) demander à l'éditeur, c'est-à-dire SAP, d'inclure cette fonctionnalité dans une prochaine version, et ne pas signer tant qu'il n'y a pas d'engagement contractuel à cet égard (et si la société SAP n'a pas fourni les fonctionnalités attendues elle doit être sanctionnée) et/ou (2) demander à l'intégrateur, c'est-à-dire Steria, de réaliser les développements spécifiques qui permettent de pallier cette lacune. (Vu qu'il s'agit d'un progiciel de paie, Steria a une obligation de résultat, elle ne peut s'en exonérer qu'en prouvant que le ministère ne lui a pas transmis toutes les fonctionnalités de paie attendues.)
Ensuite, une fois l'outil sélectionné, on passe au paramétrage et avant le déploiement il faut faire ce qu'on appelle dans le métier des "paies en double." C'est-à dire lancer le calcul de la paie pour un échantillon représentatif des soldats sur plusieurs mois avec les deux logiciels, l'ancien et le nouveau, pour s'assurer que les bulletins de paie soient identiques. Il y a souvent des réglages à faire, et cela est normal.
Il est incroyable et c'est une faute gravissime que d'avoir débranché l'ancien progiciel qui sortait des paies correctes et décider d'utiliser le nouveau qui sort des paies inexactes.
Qui a pris cette décision? Pourquoi? Quelqu'un doit rendre compte pour ces anomalies de gestion.
J'ai vu tout type de paie aux quatre coins du monde, pour type d'organisation. Le ministère de la Défense n'est pas unique. Si d'autres organisations de même taille avec une complexité de même niveau (et un budget moindre) arrivent à sortir une paie (ou "solde" comme on dit chez les militaires) pourquoi pas le ministère français de la Défense?
Les Français ont le droit qu'on leur apporte une réponse claire sur ce point, car c'est l'argent de leurs impôts qui est ainsi jeté par la fenêtre.
Ahmed Limam
Consultant indépendant en logiciels de paie/RH
Paris
Cela montre bien également l'absence, ou la défaillance du suivi qualité du projet, ainsi que plus globalement d'une vrai gestion de projet, au vu du dépassement du budget initial.
Signaler un abusRéponse à Ahmed Limam : Dans le cas qui nous intéresse l'erreur est flagrante puisqu'elle était "visible" sur la feuille de paie. Malheureusement je connais des cas de mise en place d'ERP dans des sociétés ou malgré l'échec (surcoûts divers, retour sur investissement nul voire négatif !) les instigateurs ont rebondi. On les retrouve à la tête d'autres projets. La sanction pour ce genre de méfait est plus une promotion qu'une punition. Public ou privé, il y a toujours des petits arrangements entre amis surtout entre amis "bien placés".
Signaler un abusMerci pour votre complément d'information.
Signaler un abusIl est intéressant de voir que l'optimisation des investissements de l'IT publique semble rarement faire partie des plans d'économie de l'état. Hors c'est un secteur ou il y a des centaines de millions d'euro à économiser. au lieu de cela, les sociétés comme BULL et Steria dope leur CA avec l'argent public sans être inquiété de leur échecs, ou du moins pour la partie qui leur incombe dans le cadre du projet.
C'est comme dans les autres collectivités territoriales où l'on choisi la version Premium de tel ou tel logiciel d'infrastructure, alors que la version Standard aurait largement suffit. Mais l'éditeur sait convaincre.
A quand des datacenters centralisés avec une offre de services normalisés pour tous les CG, mairie et autres entités, qui utilisent également l'argent publique. Car ce que l'état vit à son niveau est à multiplier par le nombre de mairies, de CG, ou de tout autre structure publique.
Il y a un très bon exemple avec les accord d'achat type UGAP, qui facturent aux organismes publics la prestation d'un technicien aux pris d'un admin vendu par une SSII, l'admin au prix de l'ingé et l'ingé au prix de l'expert.
C'est peut-être avantageux pour le matériel, mais certainement pas pour la prestation pour ce que j'ai pu constater.
J'ai trouvé cela complètement hallucinant de voir comment pour le marché de la prestation, ces organismes publics sont de véritables vaches à lait.
Et plus étonnant encore, je n'ai jamais vu aucune reportage sur ce sujet, alors qu'il y a là aussi une utilisation largement contestable de nos impôts locaux en l'occurrence.
Ce serait bien que LMI se penche sur cette question justement, à la croisé de l'IT et du journalisme d'investigation. Soit pour expliquer la justification de ces écarts de coûts, soit pour les dénoncés.
Même s'il est possible que la responsabilité du Ministère existe dans ce naufrage, la faute essentielle semble revenir à Steria. C'est donc avec surprise qu'on apprend que cette société vient de remporter un contrat de 30M€ pour la rénovation des SI de l'administration fiscale ... norvégienne (ouf!).
Signaler un abusEn tant qu’expert des progiciels de paie et RH, j’ai beaucoup assisté aussi bien des entreprises que des administrations dans leur choix de solution.
Signaler un abusAvec une expérience de plus de 15 ans dans ce domaine, j’ai constaté que ce genre de problème est toujours dû à :
- Une mauvaise définition (ou incomplète) des besoins (la faute au client, donc le Ministère )
- Un mauvais paramétrage/développement du système (la faute au prestataire donc Steria)
- Des fonctionnalités promises mais manquantes ou inappropriées (la faute à l’éditeur du logiciel, donc SAP).
Ce scandale aurait pu être évité si le ministère de la Défense s’était fait assister de compétences pointues et INDEPENDANTES pour (1) choisir le logiciel et l’intégrateur ; et (2) participer aux différentes réunions de cadrage et pilotage pour alerter de façon OBJECTIVE et sans peur des pressions, sur les responsabilités des uns et des autres.
Dans une entreprise du privé, un échec pareil, qui fait porter le coût aux actionnaires, est souvent sanctionné. Dans l’administration, les responsables sont rarement inquiétés et celui qui paie c’est le contribuable. Dans la situation actuelle de ras-le-bol fiscal, le gouvernement devra expliquer pourquoi les Français sont obligés de payer un demi-milliard d’euros pour un logiciel qui va finir à la poubelle sans avoir rempli sa mission.
Ahmed Limam
Consultant indépendant en logiciels de paie/RH
Paris
En l'occurrence, c'est avec l'argent publique que ce fiasco a été payé. Il est surtout inadmissible que des couples militaires aient du divorcer pour que le conjoint puisse obtenir des aides afin que la famille puisse vivre.
Signaler un abusLe pire c'est que Steria bien qu'ayant failli sur ce projet à je crois été retenu dans le cadre d'autres AO par le gouvernement.
Il est toujours impressionnant de voir à quel point les projets IT menés par le gouvernement sont bien souvent des gouffres financiers, engloutissant l'argent des contribuables et profitant à des grosse SSII étrangement déficitaire, ou juste à l'équilibre en france, du fait de lourdes refacturations du siège situé dans un pays où l'imposition est plus limitée.
Ca n'est pas le sujet mais quand même... :
Signaler un abusVotre titre : "Le ministère de la Défense abandonne Louvois".
Passé le chapô : "Rien n'est encore officiel..."
S'agirait de manier un peu le conditionnel...
Franchement... Vous croyez que les visiteurs sont encore dupes avec ces titres faussement accrocheurs ?!... :-(
Une vérité qui éclate au grand jour car concernant la fonction publique ! Mais oh combien de situations identiques dans le privé que les DSI et leur supérieurs "couvrent". Des projets pharaoniques dans le développement ou dans ma mise en place et finalement inadaptés, inopérants voire inutiles cela existe et existera toujours ...
Signaler un abusils serait bien de faire une enquête judiciaire sur les conditions de cet appel d'offre. parce que autant d'incompétence c'est quand même largement suspect!
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